Mythologie du .12 de Célestin De Meeûs

Mythologie du .12 de Célestin De Meeûs

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 29 août 2024 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
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Quand le prosaïsme flirte avec le mythe

Célestin de Meeûs décrit un jour de solstice d’été pas comme les autres alors que tout semblait ancré dans la routine et l’ennui au début. Théo et Max sont deux copains qui errent, fument des joints et plaisantent afin de meubler leur existence. Parallèlement, le lecteur suit Rombouts, un médecin, qui ne vit plus sous le même toit que ses enfants et son épouse à cause d’une infidélité éphémère. Il souffre de cette séparation radicale et soudaine. Dans la première partie du roman s’entremêlent ces deux quotidiens. Dans le seconde partie, la structure évolue en lien avec les événements du roman. Ces personnages ont des points communs dans le fait qu’ils ne contrôlent plus totalement leur rapport au réel, avec l’influence de l’alcool, des joints ou d’émotions fortes qui prennent le dessus sur la raison. Le roman aborde ces moments où tout nous échappe, où malgré la banalité de l’existence l’imprévu peut surgir de nulle part.

J’avais lu « Cavale russe », le poème de cet auteur et j’avais adoré ce voyage en Russie, poétique, réaliste, prosaïque et séduisant malgré tout. Ici, l’auteur s’essaie au genre romanesque et c’est réussi. Même si le début du roman me donnait l’impression d’être ancré dans la morne monotonie du quotidien et ne raconter que la banalité, le roman parvient à séduire le lecteur qui est porté par la narration de l’écrivain. Le lecteur parvient à entrer dans la psyché des divers personnages, apprend à les connaître et pressent assez vite ce qui pourrait se dérouler. Le roman n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et l’on sent assez vite une construction aboutie, avec cette lumière éclatante au départ remplacée par l’obscurité ensuite, et des remarques qui invitent parfois à interpréter et à aller au-delà de ce qui est apparent. Le personnage de Théo, dieu en grec, s’interroge sur la création du monde dans les mythes grecs. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas très surpris de voir le fils de Rombouts s’appeler Achille.

L’écriture donne de la force à ce récit dont la trame est somme toute très simple. Les phrases sont très longues et elles happent le lecteur qui se voit pris dans le rythme du style de Célestin de Meeûs. Parfois, les virgules sont omises ce qui permet de mieux coller aux idées des personnages, comme si la pensée allait vite et les impressions se superposaient. Quelques passages sont poétiques, bien que cela soit moins visible que dans les poèmes de l’auteur. Les descriptions de la lumière et des insectes le sont. Sa façon d’écrire nous donne vraiment l’impression de nous immerger dans les personnages et de ressentir leur colère ou leur désœuvrement, surtout que ces personnages ne sont pas des héros. Ils ressemblent à des millions d’individus. Ils incarnent l’homme d’aujourd’hui, avec ses questionnements, ses réactions impulsives parfois et sa difficulté à donner du sens à ses actions.

Un roman de la rentrée littéraire 2024 qui sort des sentiers battus et des romans formatés.

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